Xavier Christiaens, fragments de mondes en suspens

Il est de ces cinéastes qui cheminent à contre-courant, dans les marges fertiles.
Autodidacte venu du théâtre, Xavier Christiaens a composé une œuvre rare, tissée de silences, de résistances, d’ombres et de lumières. Il fabriquait ses films en toute liberté dans un artisanat radical et explorait les replis du monde, les traces effacées, les voix enfouies, les présences fragiles. Il enseignait avec passion depuis 2016 à L’École documentaire de Lussas.
Disparu en avril dernier, il laisse des films profondément habités. Le Goût du Koumiz, premier volet de sa « trilogie boréale » témoigne de ce cinéma-réminiscence, politique et poétique, où les images n’expliquent pas, mais éveillent. Son travail procède de la lenteur, de l’immersion, du trouble – un cinéma-poème sensoriel, décalé, hanté qui cherche moins à capter qu’à révéler.
Cette séance en trois temps lui rend hommage : après la projection du film, des images tournées à Lussas, prémices d’un travail en cours, viendront dévoiler autrement ce regard qui savait percevoir, dans les lieux les plus familiers, le surgissement du sensible, comme une trace laissée en retour.
Enfin des étudiant·es et ami·es de l’École viendront raconter, images à l’appui, le passeur généreux qui savait si bien écouter et mener les cinéastes en devenir sur leur propre chemin.